mercredi 2 mai 2007

Article paru dans le bulletin pédagogique de la Fondation Auschwitz

La rafle du Vel d’hiv
de Maurice Rajsfus
Adaptation : Philippe Ogouz
Mise en scène : Aurélie Vauthrin-Ledent


16 juillet 1942 : dans l’indifférence quasi générale, 12.884 Juifs dont 5.802 femmes et 4.051 enfants sont arrêtés à Paris par la police française sous les ordres du Gouvernement de Vichy. Rassemblés dans l’enceinte du Vélodrome d’Hiver, ils seront déportés dans des camps d’extermination nazis. Peu survivront… Maurice a 14 ans quand il est arrêté avec sa famille… mais par un hasard inexpliqué, sa sœur et lui seront libérés. Maurice Rajsfus est l’auteur de plusieurs ouvrages, Jeudi noir, Opération étoile jaune et Paris 1942 ; Chroniques d’un survivant mêlant son histoire à des documents administratifs souvent inédits.

" J’ai 14 ans. J’habite Vincennes. Je suis élève au Collège situé à l’Ecole du Nord, rue de la Liberté. J’ai appris à lire et à écrire à l’Ecole de l’Ouest, rue de l’Egalité. Il y a aussi une rue de la Fraternité à Vincennes. Lorsque la rafle s’est produite, je venais d’avoir 14 ans ". Ainsi débute le récit de Maurice. Une salle intimiste. Le décor de la pièce est sobre, dépouillé. Quelques lumières apparaissent, celle d’une immense étoile jaune attire l’œil du spectateur. L’ambiance est " bon enfant ". Maurice se moque de ses enseignants. Il les mime les uns après les autres. Ca nous fait sourire. Et puis, on parle de l'époque, de l'Occupation. On parle de cette fameuse étoile jaune, du regard qu'elle produit sur les camarades d'école, sur les passants dans la rue. Ce rappel salutaire va introduire la suite, le cœur de la pièce : la France collaboratrice organise pour le compte de l'Allemagne nazie une rafle de Juifs en France. Les responsables nous sont nommés et les acteurs nous rappellent le fil des événements de cette journée. Avec deux points de vue, l'un clinique : quelques chiffres et des situations clés. L'autre, vu par les yeux de Maurice, qui en réchappera parce que juif français. Aux sourires du début cèdent la tristesse et l’angoisse. Les acteurs dépeignent les journées dans le Vélodrome d'Hiver : les familles y resteront pendant plusieurs jours sans eau, sans nourriture, sans hygiène aucune. Les enfants s’entassaient dans les gradins parmi les pleurs des enfants et les odeurs d’excréments. En soulignant que dans la France d'alors beaucoup ont fermé les yeux ou se sont rendus complices de la folie criminelle de l’Occupant. Les comédiens ont dit l’insoutenable, sans artifice, sans pathos. Le rideau tombe. Une heure trente de Mémoire, une heure trente d’émotion. Cela vaut le détour…

Sabine Hazee (enseignante de français à l’Ecole Polytechnique de Herstal)

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